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• 1697; reech 1290; frq. °rubisk1 ♦ Rare Âpre au goût. Une poire rêche.2 ♦ (XVIIIe) Cour. Rude au toucher, légèrement râpeux. « il sentit le drap rêche de la tunique » (Martin du Gard). ⇒ rugueux. Avoir les mains rêches.3 ♦ Fig. Rude de caractère; difficile à vivre. ⇒ rétif, revêche. « Je lui trouve même l'esprit un peu rêche » (Rousseau).⊗ CONTR. 1. Lisse, moelleux.Synonymes :- râpeux- rugueuxLittéraire. D'un abord désagréable, difficile à vivreSynonymes :- âpre- revêche- roguerêcheadj. Rude au toucher. Peau rêche.⇒, adj. et subst. masc.I. — AdjectifA. — Qui est rude au toucher, qui apparaît râpeux, rugueux. Toile rêche; avoir la gorge, la langue rêche. Pour la plupart des travaux, nous recommandons, de préférence à la basane, soit le veau, soit la petite vachette (...) dont le grain est moins rêche et plus agréable à travailler (CLOSSET, Trav. artist. cuir, 1930, p. 14). Le bois leur apparaît trop rêche et trop rude (Arts et litt., 1935, p. 22-2). Il passa un bras autour de ses épaules et l'attira vers lui. — Ne pleure pas. Ne pleure pas. Il caressait les cheveux rêches (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 96).B. — Qui est âpre au goût. Vin rêche. Cette toile dérivée de Manet a une certaine saveur amère et rêche qui nous console des écœurantes sucreries [toile d'Éva Gonzalez] (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 67).— P. anal. [En parlant de sons] Une sonorité rêche. Comment se présente la voix « brute »? (...) Le travail du technicien consiste à bien écouter ce premier son, rêche, mal habillé et à découvrir ce qui lui manque (Arts et litt., 1935, p. 36-9).C. — Au fig. [En parlant d'une pers.] Qui est rude (de caractère). Sa mère, rêche, froide, glacée, ne lui a versé aucune tendresse (GONCOURT, Journal, 1860, p. 755). Madame Victurnien (...) était sèche, rêche, revêche, pointue, épineuse, presque venimeuse (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 223).II. — Subst. masc. Ce qui a un aspect rude, râpeux. La colle ne pénètre pas également ma pâte, et donne au papier le rêche d'une brosse (BALZAC, Illus. perdues, 1843, p. 632).— [En parlant d'une pers.] Caractère rude, revêche. L'abbé Chapeloud avait tout d'abord reconnu les angles, les aspérités, le rêche de cette vieille fille (BALZAC, Curé Tours, 1832, p. 184).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1. Ca 1245 resque « (personne) désagréable, qu'on ne sait comment prendre » (HUON DE CAMBRAI, Regrets N.D., 112, 1 ds T.-L.); 2. 1260 reech « âpre au goût » (ETIENNE BOILEAU, Métiers, 300, ibid.); 3. 1761 « rude au toucher » (J.-J. ROUSSEAU, La Nouvelle Héloïse, I, XLIV ds Œuvres compl., éd. B. Gagnebin et M. Raymond, t. 2, p. 124, note); 4. 1882 « (voix) désagréable à l'oreille » (GONCOURT, Faustin, p. 69). De l'a. b. frq.
« rude, âpre », dér. du rad. que l'on retrouve dans l'a. h. all. hruf « croûte (d'une plaie) », qui est devenu ruvisk, roesk, reesk, et dont la forme fém. s'est généralisée (FEW t. 16, pp. 739b-740a). Fréq. abs. littér.:107. Bbg. ALESSIO (G.). Saggio di etimologie francesi. R. Ling. rom. 1950, t. 17, pp. 199-200. — GAMILLSCHEG (E.). Germanisches im Französischen. In: Gamillscheg (E.). Ausgewählte Aufsätze. Jena; Leipzig, 1937, p. 217. — SAIN. Arg. 1972 [1907], p. 224.
rêche [ʀɛʃ] adj.ÉTYM. 1697; resque, 1244; reech, 1290; francique rubisk, par l'intermédiaire de formes ruvisk, roesk, reesk (cf. Wartburg); cette origine « hypothétique et approximative » (P. Guiraud) aurait pu se croiser avec une var. dialectale de revêche.❖1 Rare. Âpre au goût. || Une poire rêche (→ 1. Goûter, cit 18).♦ Par anal. || Sons rêches, voix rêche. || Résonances rêches (→ Contralto, cit. 2).1 (…) l'éclat subit de la voix de Gérard, bondissant au-dessus des autres, rêche et sans harmoniques.Gide, Journal, 8 août 1905.2 (XVIIIe, Rousseau). Cour. Rude au toucher, légèrement râpeux. — REM. Rêche ne se dit qu'en parlant de choses souples. — Laine rêche (→ Diligence, cit. 9). || Drap (cit. 2), tissu rêche. ⇒ Dur, rugueux. || Poils rêches. || Peau rêche.2 « (…) je lui trouve même l'esprit un peu rêche. » — Note de Rousseau : Terme du pays, pris ici métaphoriquement. Il signifie au propre une surface rude au toucher, et qui cause un frissonnement désagréable en y passant la main, comme celle d'une brosse fort serrée, ou du velours d'Utrecht.Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, I, XLIV.3 Et la toile rêche des draps qui sentaient la buanderie.Aragon, le Roman inachevé, p. 88.♦ Par extension :4 Le velours grenat en était râpé à hauteur de la nuque. Aussi, pour adoucir le contact rêche de l'étoffe, y plaçait-on un linge de fil lisse, frais et blanc.H. Bosco, Antonin, p. 256.3 (XVIIIe, esprit rêche, → ci-dessus cit. 2). Fig. Rude de caractère; difficile à vivre. ⇒ Rétif, revêche.5 — (…) Qu'est-ce que tu as dit à ta sœur ? — Rien, rien, soupira le jeune homme. Des douceurs, des gentillesses. Elle n'aime pas cela. Elle est rêche et dure comme une chèvre.G. Duhamel, le Voyage de P. Périot, III.❖CONTR. Doux, moelleux, soyeux.
Encyclopédie Universelle. 2012.